Le premier projet mis en oeuvre par l'Association des Femmes Professionnelles des Médias dans le cadre du fonds d'appui du projet PAMCA et dans le cadre de la formation à la gestion de projet des organisations de la société civile issues du secteur médias en République Centrafricaine par Chantal Pani, membre de l'AFPC

L’Association des Femmes Professionnelles de la Communication (AFPC) a, cette année, pour objectif de renforcer la participation citoyenne et responsable des femmes centrafricaines aux échéances électorales de 2010.

Dans le cadre du premier appel a proposition du fonds d’appui du Projet d’Appui aux Médias Centrafricains (PAMCA), l’AFPC a réalisée quatre grandes activités sur la période d’avril à mai  2010. Il s’agit de la formation de quinze membres de l’Association sur la participation citoyenne et responsable des femmes aux élections de 2010 ; la production des microprogrammes ; deux rencontres avec les leaders des partis politiques et deux débats publics avec les autorités locales et leaders d’association dans le 6ème et le 8ème Arrondissement de Bangui.

La Formation sur le thème Participation Citoyenne et Responsable de la Femme aux élections de 2010 » a regroupé 15 membres de l’Association des Femmes Professionnelles de la Communication (AFPC). Le but de cette formation était de bien outiller les participantes sur le thème avant de les faire descendre sur le terrain pour une sensibilisation efficace des populations. A la fin de cette formation, les membres de l’AFPC se sont répartis en trois groupes de cinq pour le terrain.
La deuxième activité a été consacrée à la réalisation des microprogrammes: Ainsi, les cinq membres de l’AFPC qui constituaient ce groupe de travail ont réalisé les microprogrammes avec les moyens techniques de l’Association des Radio Communautaires (ARC). Mais ces microprogrammes n’ont pas pu être diffusés sur les stations de la place qui ont exigés les frais de diffusion ; seule Radio Ndékè Luka, radio privée a diffusé les émissions réalisées.

L’activité d’organisation de la rencontre des membres de l’AFPC avec les leaders des partis politiques a été réalisée en deux temps : la première phase a été celle des prises de contact et la deuxième phase a été consacrée à la rencontre proprement dite.
La première rencontre a eu lieu le Samedi 24 Avril 2010 à 10h au siège du Parti Démocratique Centrafricain (PDCA) au quartier Galabadja dans le 8ème Arrondissement de Bangui.

Le président du groupe de la Majorité Présidentielle Michel ZABOLO appartenant au PDCA, quelques membres du bureau exécutif dont la 3ème vice-présidente et plus d’une soixantaine) de femmes étaient présents à cette rencontre. Au cours de l’entretien, l’accent a été mis sur l’implication de la femme dans les différents partis politiques de la Majorité présidentielle ainsi que sur  leur rôle et leur place. Ensuite les discussions ont tourné autour de la participation et la responsabilité des femmes centrafricaines : surtout celles qui s’engagent dans les différentes élections à venir. Il ressort des débats que la dépendance financière de la femme centrafricaine la maintient dans une position de faiblesse. On constate que la quasi-totalité des partis n’ont mis en place aucune politique visant à promouvoir la participation des femmes aux processus politiques. Par ailleurs, les femmes engagées en politique ont déploré le fait qu’elles ne sont pas aidées par les responsables de leur parti. Elles ont promis de manifester encore davantage d’intérêt lors des prochaines élections et ce, même en cas de report.
L’initiative de l’AFPC a été saluée par les leaders et les femmes présentes à ces rencontres. 

La deuxième rencontre avec le Collectif des Forces du Changement prévu pour la semaine suivante a été repoussée plusieurs fois compte tenu de l’indisponibilité des leaders de l’opposition. Ainsi, une seconde rencontre avec les leaders de la majorité s’est tenue le 29 mai 2010.

Au cours de cette rencontre, 15 leaders des Partis Politiques qui constituent  la majorité présidentielle étaient présents à cette rencontre. Après une brève introduction de Marie Chantal PANI, présidente de la séance, le débat a été ouvert sur la question de savoir  quelle place les leaders des partis politiques accordent-ils aux femmes au sein de leurs partis ?
Pour ces hommes politiques,  les femmes développent systématiquement, en elles-mêmes, un complexe d’infériorité. Dans son adresse, Sylvie PANIKA, présidente de l’AFPC, a réitéré l’engagement de l’association sur le  plaidoyer auprès des leaders politiques. Serge AZAGBIA du Parti Républicain a fait remarquer qu’il ne faut pas marginaliser les femmes car elles ont des compétences non négligeables puis il a donné l’exemple de la défunte Ruth ROLLAND et d’Elisabeth DOMITIEN, anciennes magistrates et ministres. Mr KINDA, qui croit en la valeur de la femme, sollicite davantage l’apport de l’AFPC en vue d’aider les femmes en général.

Au cours des discussions, les leaders ont déploré l’absence d’une école de parti pour encadrer les femmes. Ils ont également évoqué la pauvreté des partis politiques qui ne peuvent financer les candidates désireuses de s’engager. Djibrine SOW du NNDO reconnaît que la femme est socle de la vie et sans les femmes, rien ne peut se faire. C’est pourquoi il propose que tous les partis se basent sur la compétence et les capacités de la femme pour pouvoir avancer.
A la fin de la réunion, tous les hommes politiques présents ont promis déployer des efforts pour pousser les femmes à participer au processus électoral.

Participation citoyenne et responsable de la femme aux échéances électorales
Afin de promouvoir la participation citoyenne et responsable de la femme aux échéances électorales, deux séances de débats ont été organisées dans le 6ème le 8ème Arrondissement. Ces deux arrondissements de Bangui ont été choisis en raison de la forte densité de la population et le large éventail des tendances politiques représentées.

Cinq membres de l’AFPC s’étaient rendus le 14 Avril dans le 6ème Arrondissement pour une prise de contact avec les notables de localité. Elles ont été accueillies à leur arrivée par Mme Francette MAKAKE, 1ère adjointe au Maire et ses proches collaborateurs. Mme Bernadette DOUBRO SEKAMABOYO ; vice-présidente de l’AFPC, a expliqué l’impact de cette activité de sensibilisation et rendez-vous a été pris pour le 17 Avril. Cependant, compte tenu de l’inscription et de la révision des listes électorales de la circonscription, cette activité a été reportée au 24 Avril.

Le 24 Avril comme prévu, une centaine de femmes du 6ème arrondissement de Bangui, ainsi que des jeunes et des notables, attendaient l’ouverture des débats. En ouvrant la réunion, Mme DOUBRO a, dans son introduction, expliqué à l’assistance le but de ce débat public qui est d’amener les femmes à connaître leurs droits et devoirs de citoyennes. Les autres membres de l’AFPC présentes ont pris la parole tour à tour pour informer l’assistance sur le rôle extrêmement important que joue la femme dans la société centrafricaine avant et pendant les élections. Le problème du tribalisme qui gangrène cette localité a aussi été soulevé. Le débat public très fructueux s’est déroulé dans une atmosphère chaleureuse entre les femmes. Elles ont émis le vœu d’une pérennisation de ce type d’initiative.

Voici quelques témoignages :
Julie (une électrice) :  « nous, femmes du 6ème arrondissement, voulons la paix et pour cela nous irons massivement voter et surtout des candidates femmes qui iront défendre notre cause »
Hélène : « cette rencontre m’a enlevé le voile des yeux et je remplirai avec fierté mon devoir de citoyenne »
Par ailleurs, la Présidente de la CEI du 6ème arrondissement Mme Monique SERVICE a fait le triste constat en expliquant à l’assistance le manque de volonté des femmes à aller s’inscrire massivement sur les listes électorales. D’autres femmes ont souligné le fait qu’elles n’ont pas de carte d’identité, ni d’acte de naissance.

Le débat public organisé dans le 8ème arrondissement de Bangui a été organisé dans les mêmes conditions avec une prise de contact le 14 Avril pour une activité prévue pour le24 Avril ; qui s’est finalement tenue le 30 Avril aux environs de 15h45.
La vice-présidente de l’AFPC , Mme DOUBRO, a pris la parole pour remercier l’auditoire venu nombreux pour l’occasion ; puis elle a ensuite expliqué l’importance de la participation citoyenne et responsable de la femme dans le processus électoral ; appuyée par Elodie POLOKO, membre de l’AFPC. Le débat était très enrichissant. Les participants et participantes ont semblé très satisfaites de cette initiative.

Quelques réflexions recueillies lors des débats publics :
-    Esther SAYO : depuis ma naissance c’est la première fois que je vois les femmes journalistes se déployées sur le terrain pour expliquer les enjeux de s élections alors qu’on les écoute souvent à la radio et à la télévision
-    Ambroisine  OMTE : « c’est un rêve pour moi et je vois que les femmes se sont réveillées et peuvent maintenant faire quelque chose de bien pour la population »
-    Jacques NDOMA :  « les femmes peuvent tout faire mais les hommes ne les laisserons pas passer »
-    Jean Désiré  KOULAYOM: « je veux que les femmes soient nombreuses à l’Assemblée Nationale mais le poids de la tradition pèse encore sur elles ; comment faire ? »

Très émues, les femmes du 8ème arrondissement nous ont assuré qu’elles iront massivement voter.

« L’Etat assure l’homme et la femme dans tous les aspects de la vie civile, politique économique, sociale et culturelle ; les conditions égales à leur épanouissement dans le respect de la parité ». Dans le cadre général d’un combat pour la parité, l’AFPC assimile cette campagne de sensibilisation à une démarche active dans l’intégration des femmes au processus électoral.

Chantal PANI, AFPC

Photos de la réunion du 8ème arrondissement de Bangui (pour accéder au diaporama, cliquez ici):